Je te vois. tu t'incrustes dans ma tête. Tu recules pour prendre de l'élan puis tu te jettes contre mes souvenirs. Ton visage m'apparaît par intermittences et - même si je l'éloigne de toutes mes forces - il revient à chaque fois avec plus d'insistance et de persuasion. Tes yeux m’hypnotisent. Mon esprit se vrille sur le peu de songes où tu étais à moi, où j'étais tout pour toi et où j'étais heureuse. Je cherche désespérément à rattraper ces lambeaux de rêves qui s’estompent de plus en plus vite. Je veux te revoir sourire et que tes sourires soient pour moi. Je veux t'entendre rire sans devoir me cacher de ton regard.
Où, si rien de cela n'est possible, je veux que tu disparaisses, qu'enfin tu te fondes dans la foule, que tu appartiennes à ce grand flou mouvant qui m'entoure. Je n'en peux plus de te voir, de te suivre des yeux à contre-sens, de te revoir, de t'observer, de te cibler à chaque fois que tu te déplaces dans mon espace vitale. Et même si tu n'es pas là! Même si tu pars, même si tu te sublimes et te dissous dans l'air pour ne plus me crever le cœur! Tu es toujours présent. Dans ce cœur en question, d’ailleurs. Tu irrites de ton absence la paroi interne de mon crâne, de ma poitrine, de mes mains, de tout mon corps. La douleur, le manque de toi est insoutenable. Tous les jours, toutes les nuits je dois affronter ces tempêtes de déchirements, ce tumulte de fragments de temps passé auprès de toi et mes cris de détresse résonnent longuement en ricochant sur les étoiles plantées au-dessus de ma tête. Elles sont là pour moi, je le sais. Elles ont été envoyées pour témoigner de mon malheur et soulager mes peines. Les regarder m'apaise. Pourquoi? Parce qu'elles restent imperturbables aux méandres machiavéliques des sentiments humains. Elles nous observent simplement, se contentent de nous narguer d'en haut. De narguer les serpents venimeux qui s'enroulent et se déroulent dans mon âme.
Tu es toujours là. Accroché sur la toile noire pendue au ciel à côté de mes muses scintillantes. La paix éphémère me quitte de nouveau. Tu es encore là, tu me hantes toujours. Tic, tac. Ma montre bourdonne à chacune de tes apparitions, à chacune des effluves de ton cou que s'imagine ma chaire et pour chaque fois que ton prénom est martelé dans ma tête. A chaque battement des aiguillent sur le cadran, les lettres percutent mes résolutions. Un système d'auto-défense a verrouillé tant bien que mal mon cœur. La clé me brûle les mains, mes pensées fusent en tout sens. Que faire? La jeter , la garder? En mourir ou en crever? Que puis-je devenir quand même ton ombre me repousse ?
Qui suis-je pour te survivre?