J'ai toujours été, si je me souviens bien, une personne fière, imbue d'elle-même et dénuée de complexes à ce propos. J'ai toujours été également presque addict aux réseaux sociaux.
Il y a environ une semaine, je traînais tranquillement sur internet — sur YouTube, pour plus de précision. J'écoutais donc une chanson d'une artiste que j'appréciais. Désintéressée, je regardais en même temps les commentaires, restant concentrée sur ma musique. Et soudain, je remarquai un message offensant. Pour moi et pour tous les fans de cet artiste. Vexée, je me suis sentie obligée de lâcher un : "Vas te faire foutre, connard". Satisfaite de nous avoir ainsi tous vengés, je continua mon défilement bourratif de commentaire.
Le lendemain soir, j'avais reçu une notification YouTube. Anon4 avait répondu au commentaire par lequel je m'étais vengée de lui. Le contenu du message était : "Promets que plus jamais tu ne diras cela. Tu habites en Pays de la Loire." Ne le prenant pas au sérieux, je lui déclarai que je ne faisais pas de promesses que je ne saurais tenir.
Un jour plus tard, encore la même personne me répliqua : "Promets que plus jamais tu ne diras cela. Il te reste peu de temps. Tu habites en Loire-Atlantique." C'était déjà un message plus inquiétant. Mais la Loire-Atlantique étant un endroit peuplé, il ne me paraissait pas étrange qu'il cite ce département. Par sécurité, je lui répondis tout de même que j'étais d'Avignon.
Le lendemain, en cours de SES, j'en parlai tranquillement avec mon amie qui me proposa, bien plus inquiète que moi, de dormir chez elle pour un temps, jusqu'à ce que cette histoire s'arrête. J'appréciais le geste de mon amie, mais je me contenta de lui répondre que je n'en avais pas encore besoin, et qu'il n'en était qu'à la Loire-Atlantique.
Ce soir-là, en rentrant, j'eus bien évidemment droit à une notification : "Promets que tu ne diras plus jamais ça. Tu habites à Nantes". Cette fois, cela devenait vraiment effrayant.
Dans la journée du cours du lendemain, j'acceptai alors la proposition de mon amie. Je devais juste rentrer chez moi chercher mes affaires. Et je le fis, dès dix-sept heure.
Une fois tout rassemblé, je m'apprêtai donc à sortir de chez moi, mais en abaissant la poignée, la porte resta close. Logique, il fallait dire, j'avais fermé à clé. Mais impossible de la retrouver dans mes poches. Je devais l'avoir mise sur mon lit. En me retournant, j'entendis un tintement métallique. La clé ! Là ! Au bout... d'un bras ?
La clé et le bras se retirèrent prestement de ma vision ; derrière un mur.
-Ne dis plus jamais ça.
-Quoi ?
Un homme sortit de sa cachette et s'approcha, menaçant.
-Ne dis plus jamais ça. Vas-y ! Dis-le !
-Quoi ? Euh, non !
Là où certaines aurait plutôt dit : "Je refuse d'être arrangeante.", je répondit :
-Je refuse d'être soumise.
L'homme m'agrippa les cheveux, et me fit m'asseoir à genoux. Ma tête était au niveau de son entrejambe, et je craignais ce qui risquait de se passer. Mais il s'accroupit, et me planta un couteau dans la cuisse, qu'il retira immédiatement. J'hurlai de douleur, en voyant couler le sang abondamment.
-Promets le !
La douleur m'empêchait de parler. Les larmes coulaient sur mon visage, et s'en décrochait au niveau de mon menton, pour se mêler, par terre, avec mon sang. Si j'avais pu, je l'aurais dit. "Je ne dirai plus jamais ça", simple à dire, non ? Et pourtant...
Ma non-réaction à ses propos l'énerva encore plus.
-Crève !
Il planta son couteau encore maintes et maintes fois, me faisant sombrer dans une folie mue par la douleur, puis dans la mort.
Maintenant que je ne vis plus, je le dis, je le cries, je l'hurle à qui veut l'entendre.
Vas te faire foutre, connard.